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CHARRON

Le château des Ménards

témoigne du prestige des Charron

Nous avons déjà souligné que lorsque survint le recours à des patronymes, certains de ceux-ci résultèrent de la désignation de métiers. On aura facilement deviné que tel fut le cas pour celui des Charron, des fabricants de charettes, qui devaient, au fil du temps, se spécialiser dans la production de roues.

La plupart des pioniers de la Nouvelle-France étaient issus de familes laborieuses. L'un des trois Charron qui sont venus au cours du XVIIe siècle, cependant, appartenait à une lignée prestigieuse.

Les Charron des bords de la Loire étaient vignerons. Jehan Charron, né au tout début du XVIe siècle, cultivait la treille à Montlivault, tout près de Blois. Il eut deux fils, Baptiste et Guillaume. Alors que le premier choisit le métier de son père, le second voulut se hisser vers des couches sociales plus aristocrates. La bonne fortune couronna ses efforts, et il acheta la seisneurie de Ménars, s'empresant de remplacer la modeste maison de campagne qui s'y trouvait par un élégant château de style Louis XIII, qui subsiste toujours et qui constitue l'élément central de l'imposant bâtiment actuel.

Si, depuis Orléans, on emprunte la N 152, qui court parallèlement à la rive droite de la Loire, on franchit Beaugency (25 km) puis Mer (13 km), pour atteindre Ménars (10 km). On n'est plus alors qu'à 8 km de Blois.

Guillaume Charron agrandit son domaine par l'acquisition de terres et en obtint l'érection en vicomté. Son neveu et héritier, Jean-Jacques Charron, en fera un marquisat. Ce personnage sera le plus illustre de la famille: sa soeur, Marie, épousera nul autre que Jean-Baptiste Colbert, le futur ministre du Roi-Soleil, et il deviendra lui-même président à mortier du parlement de Paris. On comprendra que son château de Ménars ait reçu non seulement d'imposants ajouts, mais des invités de marque, dont le beau-père de... Louis XV, Stanislas Leszcynski, roi de Pologne en exil, qui en fit sa résidence d'été pendant cinq ans. En 1760, alors que la Nouvelle-France vacilait, le château de Ménars passait aux mains de Mme de Pompadour, la favorite de Louis XV. Dans les Mémoires de la généalogie canadienne-française, Mme Élisabeth Revai a signé un fort intéressant article sur cette famille (vol. XIV, p. 215).

Mais la munifience ne bénificie pas nécessairement à tous les parents collatéraux. Claude Charron, un cousin issu de germains du président Jean-Jacques, décida de tenter sa chance en une France nouvelle. Né à Blois en 1622, il épousa en 1649, en l'église Sainte-Solenne de cette ville, Claude Camus. Si vous passez par Blois, ne chercher pas cette église dans son intégrité, car elle fut détruite en 1678 par un ouragan. Grâce à Colbert, on la reconstruisit entre 1679 et 1702 et on la plaça sous le vocable de Saint-Louis.

Le siège épiscopal de Blois fut créé pendant les travaux, en 1697, et elle devint cathédrale. En 1928, on y a mis au jour un crypte datant des Xe et Xie siècles, qui fut celle de l'église où Claude Charron épousa Claude Camus en 1649.

Claude Charron passa en Nouvelle-France sans doute après son mariage, car le Journal des Jésuites nous apprend que, le 29 avril 1653, dans la maison de l'île d'Orléans, il fut blessé à la gorge d'un coup de pistolet par deux de ses serviteurs qui tentaient de l'assassiner. L'un fut pendu et l'autre échappa à la corde en acceptant le poste de bourreau!

Claude Charron, qui prit le surnom de La Barre, devint l'un des plus importants marchands de la colonie. Son épouse lui donna six enfants dont l'un, prénommé Jean-François, lui aussi marchand, devait fonder la communauté des Hospitaliers de la Croix et de St-Joseph, de même que l'Hôpital général de Montréal.

Mais le plus prolifique des Charron venus en Nouvelle-France au XVIIe siècle fut Pierre Charron dit Ducharme, originaire de Meaux, en Champagne. En 1665, il épousait à Montréal Catherine Pillat, une Rochelaise, qui lui donna 12 enfants qui, tous, se marièrent. En 1697, Pierre épousait Madeleine Robin: 11 enfants dont cinq fils. Deux ans plus tard, Nicolas fondait un foyer avec Marie-Madeleine Viau: 15 enfants dont 11 fils. Enfin en 1711, Jean jetait son dévolu sur Madeleine Guertin: neuf enfants dont trois fils. Les filles Charron eurent aussi une riche progéniture. Catherine épousa François Chagnon (1679); Marie-Charlotte, Claude-Louis Lemaire (1686); Antoinette, Pierre Goguet (1686); thérèse, Jacques Hubert (1689); Catherine, Guillaume Adam (1701); Hélène, Charles Édeline (1701); Louise, Michel Colin (1703); et Marie-Jeane, François Bouteille (1706). C'est à Longueuil que l'ancêtre Pierre Charron éleva sa nombreuse famille.

L'autre pionnier arrivé au XVIIe siècle, prénommé Jean et dit Laferrière, était d'une famille de Saintes. En 1669, il épousait à Québec Anne d'Anneville, fille de Brice et de Marguerite Roy et veuve d'Antoine Filion. C'était un taillandier et il appartenait à la compagnie de La Fouille du régiment de Carignan. Nuf enfants naquirent de cette union, dont cinq filles; quatre de celles-ci fondèrent des foyers: Jacqueline avec Antoine Plumeteau (1687), Marie-Anne avec Joseph Charpentier (1689), Geneviève avec François Bienvenu (1701) et Marie-Madeleine avec Michel Chabot (1703). Des quatres fils, les dictionnaires généalogiques n'en mentionent qu'un seul qui se soit marié, Jean-Baptiste, en 1710, avec Geneviève Dupil, qui lui donna également neuf enfants, dont un seul fils.

Avant de tirer le rideau, mentionnons deux autres pionniers venus dans le premier quart du XVIIIe siècle. Charles Charron dit Larose et Cabanac était originaire de la paroisse de Saint-Aignan, Chartres. À Montréal, en 1713, il épousa Élisabeth Poupard, fille de René et de Marie Gendron, qui lui donna dix enfants dont cinq fils. Ce couple figure au nombre des pionniers de Verchères.

Mentionnons enfin le maçon Martial Charron, originaire de la paroisse Saint-Pierre de Bordeaux, fils d'un maître couvreur d'ardoises. Il passa tout d'abord un contrat de mariage avec Marie-Catherine Cavalier, fille d'un soldat de la compagnie Dumesnil, mais choisit plutôt Marie-Anne Vacher dite Laserte. Le mariage demeura sans postérité.