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SARRAZIN
Chez les Sarrazin:
deux médecins dès le
XVIIe siècle
Au cours du XVIIe siècle, deux personnages portant le patronyme
Sarrazin sont venus en Nouvelle-France, l'un de Paris et l'autre de Bourgogne,
et ils étaient médecins.
Nicolas Sarrazin, fils de Nicolas et de Nicole Héron, était
originaire de la paroisse Saint-Gervais, à Paris. L'église est
placée sous le double vocable de saint Gervais et saint Protais, deux
jumeaux martyrisés au temps de Néron. C'est la troisième
érigée sur son emplacement. Louis XIII en posa la première
pierre en 1616 et elle ne fut terminée qu'en 1657. Ce monument retient
l'attention de tous les amateurs d'architecture. Sa façade, que culmine
un fronton curviligne, suscita l'admiration de Voltaire. On peut s'y rendre
en métro (station Hôtel-de-Ville). On y trouve de nombreuses oeuvres
d'art car elle fut longtemps l'une des plus riches du Marais.
C'est le généalogiste Cyprien Tanguay qui dit de Nicolas qu'il
était médecin. Le 2 avril 1680, Nicolas signe un contrat de mariage
par-devant le notaire Gilles Rageot, avec Marie-Catherine Blondeau, fille de
François et de Nicole Rolland. L'abbé Charles Glanderet, alors
second assistant du supérieur du séminaire de Québec et
futur chanoine, bénit l'union le 23 du même mois. C'est le deuxième
acte de mariage qui figure dans les régistres de la paroisse Saint-Charles
de Charlesbourg, même si celle-ci devait être érigée
canoniquement qu'en 1693. Le marié déclare être âgé
de 25 ans.
C'est à Montmagny que naquirent les six premiers enfants du couple.
Lors du recensement de 1681, le colon met quatre arpents en valeur dans la seigneurie
de Bellechasse et possède deux bêtes à cornes. Un premier
fils, Joseph, est né; on sait peu de chose à son sujet, sauf qu'à
l'exemple de beaucoup de jeunes de son époque, il fut un engagé
de l'ouest de juillet 1702 à mai 1705, selon le généalogiste
René Jetté. On n'en connaît guére plus du suivant,
Nicolas, à part sa date de naissance (28 juillet 1682); on peut croire
qu'il décéda tout jeune, car son prénom fut donné
en 1686 à un autre fils.
Les dictionaires généalogiques nous disent que le troisième,
Pierre, prit le surnom de Dépelteau; ce ne fut sans doute le fruit du
hasard, car sa grand-mère maternelle, née Rolland, était
dite d'Assinville ou Despelletaux; elle était la fille d'un gouverneur
de Nancy. Le 15 novembre 1717, à Montréal, Pierre épousait
Marguerite Leduc, fille de Jean et de Marguerite Desroches. Le couple se fixa
à Lachine et eut une douzaine d'enfants; trois des fils fondèrent
des familles. L'un des fils, Nicolas, se joignit en 1751 à six compagnons
de Châteauguay, de Pointe-Claire, de Sorel, du Sault-au-Récollet
et de l'île Perrot pour un voyage de traite aux Illinois.
C'est 1686 que naquit le second Nicolas, le quatrième fils, qui conduisit
à l'autel en 1715, à Montréal, Marie-Louise Juillet, fille
de Louis et de Catherine Celle, de même que petite-fille de Blaise Juillet,
un compagnon de Dollard des Ormeaux, qui se noya près de l'île
Saint-Paul, en 1660, en partance pour aller au-devant des Iroquois. L'union
demeura sans postérité.
Une fille née en 1688, Marie-Françoise, fut la cinquième
enfant. Elle devait contracter deux mariages, le premier en 1706 avec Jacques
Fréchet, et le second, vingt ans plus tard, avec Charles Desève
dit Poitevin.
Louis fut le dernier enfant à voir le jour à Montmagny, en 1690.
Les dictionnaires généalogiques ne disent rien d'autre éa
son sujet.
Peu après, la famille se fixa à Charlesbourg, où naîtront les quatres autres enfants. Le premier d'entre eux, François, né en 1692, se maria en 1713, à L'Ange-Gardien, avec Marie-Madeleine Goulet, fille Antoine et de Marie-Madeleine Guyon. Le couple eut quatorze enfants, les premiers nés à L'Ange-Gardien et les autres, dans l'île Jésus, qui ne comptait encore qu'une seule paroisse, Saint-François-de-Sales, depuis 1702. Le fils auivant, Thomas, qui vit le jour en 1695, conduisit à l'autel en 1716, à Charlesbourg, Marie-Agathe Choret, fille de Pierre et de Marie-Madeleine Giroux. Le couple s'établit à Montréal et eut une dizaine d'enfants. On ne sait pas ce qu'il advint d'un autre fils, Jean-Baptiste, né en 1697. La dernière enfant, une fille, Geneviève, décéda au berceau.
L'ancêtre Nicolas mourut à Charlesbourg en 1701. Sa veuve se
remaria la même année à Pierre Jean dit Godon, à
qui elle donna trois enfants.
L'autre docteur Sarrazin, arrivé au XVIIe siàcle,
n'a pas de descendants mâles de ce côté-ci de l'Atlantique,
mais il a joué un rôle si important en Nouvelle-France que nous
ne saurions pour cela l'ignorer.
Né à Nuits-Saint-Georges, en Bourgogne, Michel Sarrazin arriva
en 1685 en qualité de chirurgien de la Marine. L'année suivante,
le gouverneur le nomme chirurgien-major des troupes. Le 20 juillet 1712, à
Montréal, il épouse Marie-Anne Hazeur, fille de François,
un éminent marchand de Québec, et d'Anne Soumande. Le couple eut
plusieurs enfants. Certains décédèrent en bas âge.
Deux fils, Joseph-Michel et Claude-Michel, passèrent en France. Le premiers
voulait y poursuivre des études médicales, mais la petite véréole
le faucha. Le second se destiait au sacerdoce; il embrassa plutôt la carrière
militaire et décéda à Paris en 1809. Au moins une fille
se maria en Nouvelle-France, Louise-Charlotte, qui joignit sa destinée
à celle de Jean-Hippolyte Gaultier de Varennes, à Sainte-Foy,
le 5 février 1746.
Le docteur Michel Sarrazin, disons-nous, s'acquit une enviable renommée.
Il pratiqua son art tout au long de son existence et devait être fort
habile chirurgien car, en l'année 1700, il opéra la soeur Marie
Barbier, qui souffrait d'un cancer: elle vécu jusqu'en 1739. C'est elle
qui avait succédé à Marguerite Bourgeoys comme supérieur
générale de la Congrégation de Notre-Dame.
Le Dr Sarrazin fut membre du Conseil supérieur et correspondant de l'Académie des Sciences. Il se distingua non seulement comme médecin, mais comme botaniste et minéralogiste. Une inscription rapelle sa mémoire depuis 1957 au Jardin zoologique de Québec et son nom est gravé dans un mur de l'ancien Musée de la France d'Outre-Mer, à Paris, parmi ceux d'une centaines de personnages qui ont "étendue l'empire du génie de la France et fait aimer son nom au-delà des mers".